lundi 16 juillet 2007

Pourquoi faire simple?

Il arrive aussi, et malheureusement, que l'excès de savoir tue le savoir, je veux dire la finalité du savoir, la réflexion et l'évaluation. Il ne s'agit bien entendu pas de dresser l'éloge de l'inculture et des ignares, à une époque où la sous-culture est promue culture futuriste et incomprise par les bobos béotiens. Tout juste est-il nécessaire de mettre en garde contre la tentation de certitude qu'autorise l'abondance de savoir. Pour autant, et pour user d'un paradoxe : plus tu sais - et moins tu en sais, au sens de : moins tu penses. Il arrive malheureusement trop souvent que l'érudition prenne la place de la réflexion, et avec la bénédiction des auditeurs. "Qu'est-ce qu'il est savant!" remplacerait aisément : "qu'est-ce qu'il pense original et profond!". Le risque est de diluer le jugement dans l'exercice hypertrophié de l'érudition, ce qu'encourage la mode galopante de l'académisme comme signe distinctif de la valeur et fondement ultime de toute production. C'est ainsi que la connaissance approfondie des inextricables formes d'extrêmes-droites est salutaire, si et seulement si elle n'interdit pas, par sa complexité abyssale, d'envisager ce que l'extrémisme de droite possède de commun, une partie de l'institutionnel fût-il de cet ordre. A l'heure actuelle, je m'inquiète, pour la pérennité de la démocratie :
1) que de nombreux transfuges, même évolutifs, d'Occident aient investi la droite démocratique en Occident.
2) que la communauté de conception de cette droite décomplexée, néo-conservatrice, se trouve ensevelie et biaisée sous une montagne de considérations et de distinctions savantes.
De la même manière que l'extrême-gauche présente des myriades de ramifications, y compris au sein du trotskisme français, les parcours des anciens d'Occident sont chacun originaux et dissemblables. Au-delà de certains truismes, il serait inquiétant qu'au nom de la diversité et de la singularité, tout effort de convergence soit occulté. En l'occurrence, je vise, par-delà Occident, ou Occident comme symptôme non seulement passé, mais résurgence bel et bien présente, cette pensée, sans doute empreinte de nuances, qui fait de la sécurité, de la force et de l'ordre les remparts contre la violence, sans interroger les racines de cette violence, dont tous s'accordent à reconnaître la valeur exponentielle et alarmante. Serait-il possible que l'ultralibéralisme comme idéologie dominante et réaction à l'échec communiste corresponde à nombre d'aspirations de l'extrême-droite anti-communiste, nationaliste et autoritaire? La convergence serait d'autant plus intéressante qu'elle contrarie les clivages ordinairement admis. L'apologie de la liberté serait la plus sûre légitimation de la violence liberticide et du fascisme rampant. Le cheval de Troie de l'ultralibéralisme néo-totalitaire s'est-il introduit dans la fourmilière post-Babel de la démocratie utilitaire? En ce cas, la ruse expliquerait la présence massive d'anciens membres influents de mouvements extrémistes misant sur la force pour régler le problème central de la violence et pour mieux dissimuler que c'est le système dominant de l'ultralibéralisme qui crée la violence gratuite en constante augmentation dans les démocraties. Cette violence serait aussi révélateur effarant, à condition que la simplicité permette de voir clair et que la complexité et la multiplicité ne rendent pas troubles l'unité de toute chose.

1 commentaire:

Louis Douglas a dit…

Faire un lien entre l'extrême-droite et l'"ultra"libéralisme est absurde.

L'extrême droite a plus de lien avec l'extrême-gauche. Les 2 sont contre le libéralisme, contre le capitalisme, contre l'Amérique; et veulent un État qui se mêle de tout en se servant de la pauvreté ou du nationalisme pour manipuler la population.