vendredi 13 juillet 2007
Opération Manipulation
Que s'est-il passé pour que les intellectuels nantis, cooptés par le pouvoir, ceux qui sont reconnus par le système comme leurs meilleurs agents, les meilleurs outils de la propagande démocratico-libérale, se mettent à valoriser sérieusement, c'est-à-dire servilement, le marquis de Sade ou Matzneff, bref tous les pervers qui se font passer pour des artistes avec plus ou moins de fumisterie consentie? Pour Sade, la cause est discutable : le Divin Marquis mérite peut-être son titre du fait de son style, même si les inepties qu'il trimballe relèvent du délire grotesque. Quant à Matzneff, il est indéfendable et il en est fier. Ce sous-Gide très parisien est persuadé que la production de soufre et de stupre suffit à faire un écrivain. Résultat des courses : plus on s'avoue pervers, plus on est artiste. Avec ce corolaire terrifiant : il faut être un monstre pour faire du grand art. Matzneff et ses acolytes devraient commettre un recueil : De l'art de la supercherie, sous la direction de Gabriel Matzneff. Le titre indiquerait assez bien les raisons profondes qui expliquent pourquoi la démocratie promeut de tels individus (dont les ennuis sont insignifiants en comparaison de leurs crimes effectifs). Au nom de la démocratie, de la liberté et de quelques autre valeurs glorieuses et nobles, c'est l'hypocrisie qui agite surtout son étendard d'épouvantail et qui autorise la légitimation de la violence sous l'excuse de la libération. Pour que le système dominant autorise certains esprits détraqués à vanter les mérites des plus funestes passions, c'est que le système y trouve (aussi) son compte. Les écrivains à succès, à la mode et à la botte, leurs indicateurs littéraires et absolument navrants de médiocrité repue ont toujours été les girouettes du pouvoir et ses porte-paroles attitrés. Ce n'est pas la réhabilitation sournoise de la pédophilie que réclame le pouvoir. Tant s'en faut. Il préfère fermer les yeux sur les agissements de certains puissants, affaire veille comme le monde. Non, le pouvoir trouve son contentement dans la confusion entre liberté et totalitarisme. En démocratie, la limite de la tolérance s'arrête à l'intolérance. Notre démocratie est rance et promet d'être errance dans la mesure où elle est fondée sur sa récupération idéologique à des fins totalitaires. L'ultralibéralisme n'est jamais que l'idéologie aux mille myriades servant de prétexte (sous le doux nom déclaré de liberté) pour que la violence trouve son contentement et que quelques élites dominent le monde. Evidemment, cette situation biaisée nécessite, pour être promue, que des intermédiaires moutonniers, creux et médiocres servent de relais. Dans le monde intellectualo-culturo-mondain, ceux qui tiennent le haut de la rampe (ou le micro) occupent cette fonction. Comme ils n'ont rien à dire et qu'ils sont les mimes de la farce (sinistre), ils ont inventé la transgression et la perversion comme rempart à leur vacuité. Mentir par la baise biaise mieux que les grandes envolées philosophiques pompeuses. En plus, c'est plus facile et moins éreintant que de se branler le cerveau. Voilà pourquoi le culte de Sade, de la porn attitude, de la prostitution, du SM et de toutes les perversion sexuelles trouve sa place dans le circuit médiatique et le cirque officiel. Le sexe constitue l'excuse idéale pour légitimer la décadence et empêcher l'exercice de la critique. Pendant que les vendus branchés et corrompus nous vantent l'épanouissement du plaisir sexuel, la gaudriole irréaliste et irréalisable, leurs inspirateurs, plus dans l'action que la déréliction-contemplation s'empressent d'engranger les bénéfices les plus matériels. Après nous, le Déluge, n'est-ce pas.
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