mardi 10 juillet 2007

L'Eternelle Jeunesse

Il se pourrait que toute perversité consiste à réfuter le réel au profit du même. En ce cas, la pédophilie est perversion en tant qu'elle exprime le refus du temps et du devenir. En lisant Matzneff, il est curieux que ce quadragénaire n'éprouve de joie et de jouissance, qu'il considère d'ailleurs comme intarissable, qu'à partir du moment où il ramène sa sexualité au fantasme bien connu des prospecteurs de l'imaginaire : remonter dans le temps. En couchant avec des jeunes ou avec des enfants, le pédophile prend son pied parce qu'il est persuadé d'abolir l'écoulement du temps et d'avoir trouvé le moyen d'échapper à la vieillesse et la mort. Où la conscience majoritaire trouve monstrueux d'abolir le temps, parce qu'elle ne sait que trop qu'on n'échappe pas au tragique, le pédophile est le détraqué sexuel qui croit naïvement qu'en goûtant à la virginité sexuelle et identitaire de la jeunesse, il échappera aux affres de la vieillesse et s'installera dans l'Eternelle Jeunesse.

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