mardi 3 juillet 2007
Critique du colonialisme
Au tour de la sexualité! C'est, m'écriais-je, au tour de la sexualité de voir débarquer le regard aiguisé de l'esprit critique. Jusqu'à présent, l'esprit critique avait imposé l'éveil à la démocratie, au dialogue, à la justice, à l'égalité, bref à l'usage le plus avisé de la liberté dans la sphère du politique. Le vingtième siècle a prouvé que c'est au nom de la liberté et de l'égalité que le totalitarisme trouvait les plus sûrs moyens de se réintroduire subrepticement dans l'espace des jeux humains. Le totalitarisme classique postule que le réel est inégal par nature et que l'organisation de la société humaine doit rejoindre cette inégalité foncière. Or le progressisme forcené, en affirmant que la liberté consiste à faire ce qu'on veut dans l'existence, n'est pas seulement la meilleure définition de l'ultralibéralisme qu'elle prétend combattre, dans l'élan de son gauchisme exacerbé. Elle traduit aussi le détour comme retour vers le totalitarisme classique. Il n'est pas étonnant que l'extrémisme du progressisme conduise au totalitarisme, pas plus qu'il n'est abusif de prétendre que l'ultralibéralisme n'est qu'une émanation originale d'une forme d'organisation fort classique. Qu'on accepte l'inégalité ou qu'on exige une liberté individuelle absolue et pure revient au même : dans les deux cas, la représentation mène à la domination et à la loi du plus fort. Voilà pourquoi la sexualité demeure le dernier bastion où le totalitarisme conserve une certaine légitimité - où l'on n'ose pas trop réfléchir sans introduire une pincée d'inégalitarisme. Critiquer la violence inscrite dans le sexe, ce serait contraindre l'homme à affronter un formidable déchaînement de la violence, qui, débusquée, se répartirait sur tous les hommes, au lieu qu'avec le système totalitaire, l'acceptation de l'inégalité permet de faire supporter le poids maximal aux plus déshérités. La violence est trop présente dans le sexe pour que sa démocratisation se résorbe dans le système actuel. La mondialisation n'y suffirait pas. Raison pour laquelle les arguties risibles de l'ultralibéralisme (l'homme est un objet) et du progressisme libertaire (la liberté est de tout autoriser) conjugués sont encore acceptées, voire encouragées par les délires communs de la pensée (où l'on constate que mal penser sert l'intérêt à court terme). C'est pour ne pas mettre en péril l'ordre social qu'on ferme les yeux sur des slogans fantasmatiques comme : il existe des prostitués consentants ou, version trash et inacceptable pour le sens commun : il existe des enfants consentants pour coucher avec des adultes. Bref. seule la conquête de l'espace, sa colonisation dans son sens le plus violent et le plus dominateur, peut permettre à l'homme de se tirer de ce guêpier et de trouver pour la violence, mieux qu'une échappatoire, une extériorisation viable et pérenne.
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