A en croire Barbet Schroeder, réalisateur du documentaire Général Idi Amin Dada, consacré au fameux et désopilant tyran ougandais, ou du film L'Avocat de la terreur, portrait de l'avocat Jacques Vergès, qui sortira mercredi prochain, les dictateurs africains que Vergès défendit, avec un acharnement cruel et prévisible, au nom de son anticolonialisme total et viscéral, comme le Togolais Eyadema, sont le miroir édifiant du néocolonialisme que l'ancien Empire français produisit au sortir de la décolonisation.
Selon Verschave et l'association Survie, Eyadema accéda au pouvoir en assassinant, le 13 janvier 1963, le président élu, Sylvanus Olympio, grâce au soutien des réseaux Foccart. Étienne Gnassinbe Eyadema a publiquement revendiqué l’avoir abattu, à bout portant, par des balles tirées en pleine poitrine et au bas-ventre avant de lui sectionner, au couteau, les veines des poignets. Puis, avec la baïonnette de l’arme, il lui taillada la cuisse gauche tout en expliquant fièrement à ses camarades : « C’est comme ça que je faisais en Algérie pour m’assurer que mes victimes étaient bien mortes ». Olympio agonisa longuement au sol en se vidant de son sang, dans d’atroces souffrances. Un portrait perspicace du Président Eyadema figure dans le superbe roman d'Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages. A signaler que Rocard défendit le bilan de Eyadema quand des corps s'échouaient sur les plages béninoises (en 2003, la Fédération internationale des droits de l'homme accable le régime togolais dans un rapport intitulé «Togo, l’arbitraire comme norme et 37 ans de dictature» où elle dénonce «la torture systématique dans les commissariats en toute impunité, la justice aux ordres du pouvoir, les prisons surpeuplées et les élections truquées». Le 5 mai 1999, Amnesty International, dans un rapport intitulé «Le règne de la terreur» accuse le pouvoir d’avoir exécuté des centaines de personnes et jeté leur corps à la mer après la proclamation des résultats de l'élection de 1998). A l’annonce de son décès, le 5 février 2005, le président Chirac ne trouva rien de plus honorable que de présenter ses condoléances à sa famille et de rappeler fièrement : «Avec lui disparaît un ami de la France qui était pour moi un ami personnel».
mardi 5 juin 2007
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