Episode 4.
Beaucoup de sportifs, confrontés à l'échec ou l'arrêt de leur carrière, se droguent. Les cas illustrent abondent, de l'inénarrable Maradona au taiseux Borg. Bien entendu, cette toxicomanie s'explique d'évidence : le recours aux paradis artificiels s'expliquant par l'enfer de la chute, je veux parler de la sortie de la carrière sportive (qu'elle se traduise par la retraite sportive ou son échec préalable). La drogue joue le rôle classique de substitut à la réalité jugée insupportable. Sauf qu'en l'occurrence l'artifice de la drogue s'applique à un domaine lui-même artificiel : de sorte que la fuite de l'artifice s'obtient par le recours à l'artifice. Le seul moyen d'échapper aux affres de la médiatisation/représentation revient bien à l'évasion par la destruction. Il serait légitime de noter qu'une fois de plus, la fuite du réel implique la destruction de cette prétention. Sauf que cette destruction n'est que la conséquence légitime de la première. Ce n'est pas un hasard si la toxicomanie de l'ex-futur sportif n'est jamais que l'écho de la toxicomanie du sportif professionnel. Le dopage répond à la drogue en un jeu de miroirs si fidèle qu'on ne sait plus bien différencier entre les deux conduites. Le dopage exprimerait-il plus la fuite du réel que la volonté d'hyperpuissance? En tout cas, la destruction répond à l'engrenage de la destruction, qui veut qu'un corps ne parvienne à la (sur)plénitude qu'au prix de sa surchauffe et de sa (car)casse prochaine. La cause est entendue : l'appétit de puissance et la fuite du réel ne font qu'un. L'approche du sport professionnel contient en son sein frelaté la destruction, tant il est vrai qu'elle exprime le refus d'un des principes constitutifs (et intrigant) du réel : la limitation de la puissance de chaque forme, si performante soit-elle.
mardi 12 juin 2007
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