Episode 14.
Le mensonge rôde et règne sur le plateau de Ce soir ou jamais. D'un côté, ceux qui dénoncent la généralisation du dopage dans le sport; de l'autre, ceux qui prétendent que le sport est demeuré ce sanctuaire sacré du dépassement pur et du respect sain. Chacun sait que ces valeurs sont d'autant plus fausses qu'elles n'ont jamais été vraies et qu'elles n'ont été médiatisées que dans la mesure où elles étaient mensonge. Personne n'ose clore le débat en rappelant que le mensonge interdit le débat. Si la franchise était le vrai motif du débat, le débat serait clos avant d'avoir commencé. C'est donc que le public et les débatteurs acceptent le principe d'un débat biaisé. Entre ceux qui dénoncent théoriquement le dopage sans mettre en cause nominalement (jamais Lizarazu n'aura été soupçonné de dopage, champion du mode oblige) les sportifs innocents et ceux qui font preuve d'une mauvaise foi abyssale, on ne sait plus bien où situer le spectacle. Spectacle du sport médiatisé, spectacle de la télévision feignant de remettre en cause le sport. J'ai relevé quelques techniques de mensonge incoulables que reprennent Bilalian & co. comme antiennes impayables :
- la mauvaise foi : pour prouver que l'engouement populaire est demeuré intact dans le football, c'est Manchester United qui est cité, soit le prototype du football business, le club le plus rentable du monde, racheté par le milliardaire du sport Malcolm Glazer.
- la diversion : au lieu d'avoir à affronter la question du dopage, Bilalian lance ce qui serait le vrai fléau du sport, les terribles paris, qui menacent de corruption. Comme si le dopage et les paris n'étaient pas les variantes de la même façade!
- le refus de la généralisation : c'est la duplication hallucinatoire entre les dopés, les tricheurs et les honnêtes et les héros. Le but est de laisser croire que le sport et le dopage sont deux démarches différentes.
- le rêve : il serait par trop décevant d'accepter de regarder le réel en face. La beauté du sport moderne est telle qu'elle ne saurait être remise en question. Il n'est besoin que d'invoquer les inoubliables campagnes de la Coupe du Monde 98.
- la fausse différence : au nom de la distinction judiciaire bien connue entre faute et preuve, Bilalian refuse de condamner le sport comme théâtre du dopage. Autant vaudrait acquitter un présumé meurtrier au nom du fait qu'il n'a pas avoué!
- le déni : la lutte contre le dopage est invoquée comme la preuve du combat sincère du sport contre le dopage, alors qu'elle n'est jamais que l'envers de la médaille. La lutte contre le dopage fait partie du dopage comme le dopage fait partie du sport et la triche - de la société.
mardi 26 juin 2007
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