dimanche 27 mai 2007
L'ennemi intérieur
L'affaire est entendue. Quelques islamistes jusqu'au-boutistes menacent physiquement l'intégrité des bons citoyens démocratiques. Le discours occidentaliste voudrait nous laisser croire que la menace viendrait d'Orient et tendrait à détruire le bon Occident démocrate, pacifique et rationnel. Le totalitarisme théocratique serait à ce point le poison délétère que le prochain danger du vingt et unième siècle se réduirait à cette opposition de l'Occident salvateur et héroïque contre l'islamisme rampant. Bien entendu, l'islamisme est une pensée souvent monstrueuse, fanatique et aveugle, sectaire et excessive, hystérique et destructrice. Mais l'islamisme est l'enfant façon Frankenstein de la face sombre occidentale. C'est l'esclavagisme, le colonialisme, le néocolonialisme qui désespèrent le monde, les déshérités d'un système d'autant plus injuste qu'il se travestit sous les oripeaux de la démocratie et des Droits Universels de l'Homme, au point que le système finit par se retourner contre son propre fonctionnement, à l'instar des maladie auto-immunes - ou de la créature contre son créateur. Nul besoin d'escompter sur une hypothétique révolte des robots pour considérer la spectacle navrant de l'ultralibéralisme comme enfant monstrueux de l'impérialisme occidental. L'islamisme est le révélateur de la mentalité qui finit par s'emparer des opprimés quand ils se rendent compte que leur sort ne sera pris en compte qu'avec leur entrée dans la violence et la sauvagerie. L'ennemi de la démocratie ne se situe pas en premier lieu chez les islamistes, aussi grotesques soient-ils. L'islamisme peut se rapprocher par maints aspects des pires formes de totalitarisme, le monde musulman est un empire fantasmatique, une puissance fantomatique. La vraie puissance est occidentale. C'est aussi la seule puissance actuelle, une puissance si hégémonique qu'elle en vient à désigner ses ennemis extérieurs et inconsistants, une puissance qui aide d'une main et détruit des autres (innombrables). Le système de la démocratie occidentale n'est pas valable pour l'ensemble de l'humanité - mensonge originel et explication des tristes conséquences. Il n'est valable, et ô combien, que pour un cinquième - et encore. Le système démocratique avait trouvé un ennemi tout trouvé avec le communisme russe et international. Aujourd'hui qu'il n'a plus d'ennemi, qu'il se retrouve confronté à sa propre image et sa propre menace, l'Occident cherche à s'inventer un ennemi pour donner un sens à sa position et à ses valeurs. Quel est le totalitarisme le plus terrifiant? Celui qui avance sous le masque de la démocratie. Le plus grand ennemi de la démocratie n'est autre que l'Occident. Bien entendu, il s'attaque à des extrémistes grotesques, à qui il accorde une importance disproportionnée, pour mieux cacher que ces idéologies ne sont que des projections de l'ombre de l'Occident. L'Occident projette sur l'islamisme sa face sombre et inavouable. La lucidité ne revient pas à dédouaner les islamistes de leur sauvagerie inhumaine. Elle consiste à comprendre que les critiques clairvoyantes que les intellectuels occidentalistes dressent contre l'islamisme ne permettent pas d'y opposer le rempart de la démocratie occidentale. C'est ce qu'une certaine propagande pro-libérale aimerait laisser croire. La vérité est plus terrible : l'idéologie dominante n'est autre que celle qui se présente comme une anti-idéologie, un anti-totalitarisme, une anti-sauvagerie. Comment se comporte l'Occident à l'heure actuelle? Il suffit de constater les traits prêtés à la marionnette Ben Laden pour découvrir que le manipulateur est aussi un redoutable destructeur, qui, si on le laissait agir et s'agiter, finirait par avoir notre peau.
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