mardi 19 juin 2007

Epopée de la Puissance Onirique

Episode 10.

Je lis dans l'Equipe d'aujourd'hui que les droits télévisés 2007-2008 pour le seul championnat d'Angleterre se monte à 1,4 milliards d'euros. Tout est déjà dit, et pourtant j'apprends que les dirigeants de Canal Plus, dont la manne se monte tout de même à 600 millions d'euros l'an pour la période 2005-2008, exige un spectacle à la hauteur de leur investissement. Après ces révélations, Bilalian peut toujours contester l'implication et la responsabilité des médias dans le dopage sportif. L'argument de Bilalian repose toujours sur la distinction fantasmatique entre télévision et sport. La télévision retransmettrait les compétitions sportives et seraient étrangères à ses coulisses, surtout les plus ténébreuses. Quant au sport, ses dérives seraient à imputer aux seuls sportifs enclins à la triche. L'essence du sport est par nature saine et vivifiante, c'est bien connu. La mauvaise foi de Bilalian vient du fait qu'il ignore ce qu'il ne sait que trop : la collusion obligée (comme le passage) entre les médias et le sport. Il serait vain d'en appeler au dégoût qu'inspire le lynchage de Virenque et de tous les sportifs dopés par des journalistes parfaitement au courant de ces pratiques généralisées et qui les encensaient quelques jours (heures?) plus tôt. Il est plus instructif de noter que le sport, tout comme les médias, appelle dans son évolution l'avènement de l'hyperréel, qui est le mirage aux alouettes prétendant remplacer le réel par le fantasme. La connivence entre médias et sport se trouve ainsi soulignée avec plus d'éclat qu'un long discours d'illustrations. Car les médias comme le sport de haut niveau sont les vitrines du système, pour lequel tout doit finir en marchandise. Ce n'est pas un hasard si l'on parle de plus en plus de sport-business (la finesse de Lizarazu consistant, non à nier l'évolution indubitable, mais à la légitimer au nom précisément des valeurs humaines) et si, dans le même temps, les médias sont rachetés par les grands actionnaires de la haute finance et les milliardaires. Il ne s'agit pas seulement de contrôler l'information. Il s'agit d'aller au bout de la logique ultralibérale, selon laquelle rien n'évolue, tout s'achète.

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