lundi 16 juillet 2007

Rien de valable sous le soleil

Le plus bizarre dans cette affaire Matzneff, c'est la relative discrétion avec laquelle cet homme a pu revendiquer ses agissements sans se trouver inquiété. Comme dans de nombreux cas de pédophilie, la complicité des puissants est évidente et nécessaire au silence. Pas seulement. Si la pédophilie a toujours existé, elle accompagnait autrefois les abus du plus fort à disposer des plus faibles. Comme les enfants appartiennent à cette catégorie, ils se trouvaient concernés par la violence. En théorie, la démocratie a porté l'accent sur la défense des opprimés. Autant dire que l'hypocrisie camoufle les agissements permanents du totalitarisme rampant. Ce dernier se révèle d'autant plus fort qu'il se manifeste dans la sphère sexuelle. A considérer le nombre d'individus qui se réclament du gauchisme politique et du totalitarisme sexuel, soit de la contradiction manifeste de leurs engagements profonds, on peut se demander si le plus sûr moyen de démasquer la tartufferie ne revient pas à examiner les moeurs plus que les engagements affichés. Pour couvrir Matzneff de justifications oiseuses sur la liberté et la tolérance, il faut s'exprimer depuis un point de vue bien particulier. Soit en régime totalitaire considérer que la hiérarchie sociale justifie d'avance tous les abus (c'était le cas dans l'Antiquité). Soit en régime démocratique faire preuve de nihilisme. Je crains fortement que le nihilisme soit le symptôme (d'ailleurs annoncé par Nietzsche) de la démocratie et de la modernité la plus contemporaine. Et si les fondements de la démocratie tenaient autant, voire moins aux nobles idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité qu'à la relativité des valeurs, au slogan cynique et liberticide du tout se vaut - donc tout est permis? Cette relecture inquiète du cheminement démocratique explique pourquoi le progressisme forcené comme la réaction radicale tombent d'accord pour entériner et légitimer la violence; pourquoi les élites soutiennent tout mouvement de libération et de progressisme, pourvu qu'il fût en apparence opposé à la violence; pourquoi il se trouve tant de soutiens intellectuels à la pédophilie (mais aussi la prostitution); pourquoi enfin l'insidieux a remplacé le péremptoire. Jadis, la nécessité coupait court au débat. Aujourd'hui, le débat étouffe la vérité. Le débat avec des esprits nihilistes s'entend, pour qui la défense de la violence s'inscrit dans un combat pour braver les interdits et repousser les limites (et en profiter pour les interroger subrepticement). Dis-moi comment tu envisages la violence insidieuse et je te dirai dans quelle démocratie tu te situes, démocratie véritablement libérale ou démocratie liberticide. Le problème est que le nihilisme, tout comme la pédophilie, tout comme la violence insidieuse institutionnalisée, n'est pas pérenne et mène à la disparition de l'humanité. Les élites démocratiques sont parfois mortifères.

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