vendredi 13 juillet 2007

L'associé de l'adversaire

Matzneff n'a pas de mots assez durs pour stigmatiser les assassins d'enfants, les Dutroux et autres Émile Louis. Les ogres des contes. Tout juste en profite-t-il pour se distinguer d'eux. Eux ce sont les pédophobes. Horrible race de fauves et de prédateurs, dont la liberté revient à torturer, détruire et tuer? Si Matzneff se distingue de ces monstres, faut-il en déduire qu'il se réclame pédophile, soit l'ami des enfants, celui qui leur rapporte bien-être et tendresse - tout l'inverse, en vérité, d'un pédophobe? Encore une illustration de la perversité de Matzneff. Sa distinction lui permet de réhabiliter insidieusement la pédophilie, dont on remarquera que la langue populaire avait vu clair dans les manigances : le pédophile est celui qui prétend aimer les enfants. Il est vrai que l'insidieux est le royaume du pervers, Matzneff son porte-parole famélique. Qu'on en juge : Matzneff distingue entre ceux qui violent et assassinent la jeunesse et ceux qui couchent avec cette même jeunesse après avoir obtenu son plein consentement. N'en déplaise à Matzneff et au fonctionnement détraqué de son cerveau, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Il est indubitable qu'un pervers qui torture des gosses ajoute l'irréparable à l'irréparable. Mais qu'aurait-on dit si Dutroux s'était contenté de coucher avec ses jeunes proies? S'il ne les avait ni séquestrées, ni violées, ni violentées? Qu'il était un sympathique personnage? La torture s'ajoute à la pédophilie comme elle s'ajouterait au meurtre : comme un surplus de monstruosité, certainement pas comme la monstruosité. Matzneff espère entretenir la confusion entre violence explicite et violence insidieuse. Je ne suis pas certain que le fonctionnement d'un Dutroux n'obéisse pas davantage à des pulsions compulsives et homicides répétées qu'à la perversion véritable. Je réserverais ce terme pour des esprits libres de l'acabit de Matzneff. Des individus capables de jouer avec les lois, les normes, de se tenir à carreau, à la lisière des limites, d'instiller le doute et le soupçon, de demander si le gris clair appartient au blanc ou le gris foncé ressortit du noir. Dans ce rôle de monstre, Matzneff s'accomplit comme un poisson dans l'eau. Je n'aurais pas de mots assez durs pour stigmatiser un homme qui s'occupe de pareilles distinctions. Distinguer entre un pédophile et un pédophobe pour mieux réhabiliter la pédophilie! Le diable aurait-il assailli l'esprit de Matzneff pour lui souffler de telles billevesées et l'affranchir des sentiments, de la honte et de l'impudence? En tout cas, c'est la honte du milieu littéraire, son étoile jaune, et plus particulièrement de ceux qui l'ont soutenu, que d'avoir participé à ces jeux morbides, dont le but est de discréditer la vérité pour instiller, en lieu et place, non une norme plus fiable, mais le mensonge et la vanité. Verdict : abject et lamentable.

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