vendredi 13 juillet 2007

L'impair du pervers

La citation précédente de Matzneff m'interpelle en ce qu'il opère un coup de force imprenable. Après avoir posé une question concernant les artistes, notre pervers emblématique n'hésite pas à affirmer, haut et fort : "Nous". Encore un retournement de sens, dont on remarquera qu'il n'est pas anodin! Tout au contraire conforte-t-il le narcissisme et l'égocentrisme étriqué de notre auteur national. Qu'on se le dise, qu'on se le répète, Matzneff est un Artiste. Revendiqué et Naturel. Authentique et Majeur. Dont l'un des principaux arguments est que la postérité le vengera de l'incompréhension de ses contemporains. Faut-il être assez raffiné dans son délire pour chercher et trouver de pareils arguments? Point n'est besoin : il suffit de constater que Matzneff pose, comme son éditeur, comme tant d'autres, pour l'invérifiable postérité. C'est d'ailleurs leur unique souci, leur seul motif de préoccupations, l'invérifiable. Et pour cause : l'incertain devient le certain. Comprendre Matzneff, son succès auprès de certains puissants des milieux culture-mondains, c'est intégrer la logique selon laquelle la perversion est emblématique de l'époque dans la mesure où elle fait la part belle à l'incertain. Ou plutôt : décrypter l'incertain, triompher de l'absence de fondements, c'est le travail du pervers. Voilà pourquoi son éloge peut commencer; voilà pourquoi il se targue d'être du côté des créateurs - et des meilleurs. La confusion entre le créateur et le pervers va si loin que les médiocres, comme Sollers ou Savigneau, sont considérés comme très intelligents et très importants, en vertu de la domination du nihilisme et de la transmutation perverse du néant en présence.

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