lundi 2 juillet 2007

L'inversion de toutes les valeurs

Le trait commun entre les pédophiles déclarés, à quelque stade qu'ils se trouvent, je crois bien que c'est leur faculté aussi impressionnante qu'effrayante de projeter sur leur victime leur propre désir et leur propre faute. Un peu comme le violeur des tournantes explique le plus souvent son geste par l'attitude lascive de sa victime (souvent ramenée à la bonne vieille salope aguicheuse), le pédophile, à l'écouter, n'est jamais que l'acteur subissant les avances consentantes de sa jeune proie. Le récit que Polac livre de son aventure, comme un larcin travesti en haut fait, avec un garçon de onze ans, n'est pas l'exception qui confirme la règle : aucun doute n'est permis, c'est bel et bien l'orphelin étrange qui a provoqué et dragué le grand et chaste animateur. Pour un peu, la victime serait le branleur ébaubi! D'ailleurs, il n'est pas pédophile, puisqu'il l'a réaffirmé avec force sous les yeux de la conne glacée Lumbroso! C'est donc qu'il a subi les outrages de ce garçon insolent et licencieux. Le pervers n'est jamais là où l'on pense. En l'occurrence, il se tapit sous l'enveloppe charnelle d'un léger attardé mental vicieux et vénal. Grâce soit rendue à Polac. Mes yeux, obscurcis par la moraline, sont décillés! Désormais, je vois clair, presque aussi loin que Sollers, par-delà bien et mal (quant à atteindre la lumineuse clairvoyance de Matzneff, il faudra repasser, car le Russe est champion toutes catégories de la vision translucide)! D'ailleurs, je songerai à secourir les pauvres et infortunés Guy Georges et Simone Weber (entre autres). Ils sont les victimes d'un complot international - sans doute téléguidé par les Juifs et, peut-être, Ben Laden (Al Quaeda aurait prêté son assistance logistique diabolique). Messieurs les jurés, Guy Georges n'a pas violé! Il est ce garçon souriant et timide dont l'effarouchement charmait l'entourage. Ce sont les femmes, ces ingénues tordues, qui l'ont poussé dans leurs bras et se sont suicidées à ses pieds éplorés. Quant à la brave Simone, elle fut la proie des machinations de son amant du troisième âge. A partir de maintenant, le chant des victimes ne m'émouvra plus. Les sirènes de l'humanité sont prêts à toutes les ruses pour faire chanter leurs bienfaiteurs au nom de l'ingratitude trop méconnue des débiteurs à l'égard de leur donateur. Il serait temps que les pères vertueux et les mères étriquées cessent de stigmatiser les amoureux de l'enfance : leur progéniture appartient à la race élue des Consentants, pour qui l'éducation mérite d'être placée entre les mains avisées d'élus pervers. Oups ! Pardon! D'élus pédagogues, voulais-dire... Les préjugés ont la vie tenace. Mon éducation m'a tellement formaté que j'en ai oublié la vérité : la pédophilie représente l'éveil des jeunes consciences vers la sagesse et la vérité. La vérité? C'est en tout cas celle que défend Matzneff, et, dans une moindre mesure, celle que Polac sous-entend. Une once de sérieux : non seulement la transmutation de la violence en bienfait est palpable dans le discours de justification de la pédophilie, mais le pédophile développe l'art troublant de concevoir le monde sous un angle différent, dont la cohérence formelle ridiculise les préjugés de la modernité et de la populace. Effectivement, le gauchiste Polac se comporte comme un grand seigneur cruel et omnipotent. Effectivement, le gauchiste Polac n'hésite pas à insulter grossièrement Lumbroso, en accusant de menteuse celle qui n'a jamais fait que dévoiler son grossier mensonge à lui. Effectivement, le gauchiste Polac instaure une ligne de dénigrement envers quiconque osera l'attaquer et le remettre en cause. A l'instar de Matzneff et de son soutien Sollers, Polac estime certainement que sa supériorité et son intelligence le préservent des lois du plus grand nombre. Ce n'est certainement pas la moindre des ambiguïtés chez les soixante-huitards que de prétendre s'affranchir des règles qu'ils ont appelées de leurs voeux. La présence de Polac dans les médias, alors qu'il devrait être disqualifié depuis belle lurette (à moins de considérer que ses excellentes émissions lui ouvrent un crédit illimité, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse), suffit à montrer que les lois de la démocratie ne s'appliquent pas également, suivant qu'on soit faible ou puissant. Toujours la vieille rengaine totalitaire!

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