lundi 30 avril 2007
Apparances
La grande affaire de la démocratie, sa grande hypocrisie aussi, consiste à tailler le réel aux bornes qui l'arrangent. Cet anthropomorphisme d'un type très ontologique était censé évacuer les questions insolubles de la plus perverse des manières : je ne perçois pas certaines choses, donc ces choses n'existent pas. Question puérile par excellence, qui évoque les caprices de certains enfants ou le déni du réel quand il n'a pas l'heur de correspondre à ses propres attentes. De même que le réel n'est pas le fini, vaste et majeur problème de l'époque, la démocratie a réussi ce prodige de prétendre que le réel serait limité aux apparences. Le système démocratique, sa mentalité, son milieu, consiste à réduire de plus en plus le réel aux normes de l'apparence immédiate. J'en veux pour preuve la dangereuse et inquiétante dérive de l'information de grand public vers le conformisme et le stéréotype. Sans doute les liens entre la haute finance et les médias ne sont pas étrangers à cette évolution destructrice. Mais l'avènement de l'ultralibéralisme n'est que la conséquence logique de ce désir d'occulter la partie immergée de l'iceberg. Bien entendu, la partie immergée demeure telle qu'elle a toujours été, la plus importante. Je veux dire par cette métaphore que l'idéologie du Bonheur n'a substitué qu'en apparence aux innombrables violences qui endeuillent la société humaine son concept fallacieux. En réalité, la violence s'est plutôt déportée vers l'extérieur (de la démocratie) et vers l'intérieur (le totalitarisme insidieux de la démocratie). Il est vrai qu'il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir et que les démocraties occidentales ont anesthésié leurs citoyens peu rétifs en leur offrant la prospérité contre leur silence. Je pose de nouveau la question cruciale : que fait-on de la violence?
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